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Lexique du Patois d’Anniviers

...afin de raviver et de ne jamais oublier le passé...

Le Val d’Anniviers veille sur ses traditions ainsi que sur sa langue et crée l’événement de ce début de l’année 2018 dans le ciel des patois valaisans : la publication attendue du lexique du patois anniviard s’installe dans nos foyers. Elle rend surtout hommage à toutes les patoisantes et à tous les patoisants de la vallée qui, au long des siècles, ont parlé, forgé, enrichi et transmis la langue des racines. Cette édition honore aussi les chantres du patois anniviard parmi lesquels figurent notamment Édouard Florey, Aloys Theytaz, Denis Savioz, André Melly, Jean-Baptiste Massy ou Paul-André Florey, qui ont porté haut les couleurs de leur patois sur la scène valaisanne. L’écho de ce noble travail rejaillit encore sur tous les membres de la Fédération cantonale des Amis de Patois qui se réjouissent du nouveau tome venant renforcer la mémoire de nos patois. La société des Patoisants et Costumes du Val d’Anniviers œuvre depuis 1962 pour la défense et la valorisation du patois et a délégué des personnalités de grande valeur au Comité cantonal afin de promouvoir la place de la langue indigène dans notre région. Le patois a forgé la culture anniviarde dans une communauté alpine aux coutumes si diversifiées et à la langue chantante. Depuis quelque temps, le projet d’un lexique du patois de la vallée s’est heureusement fait jour et les artisans de cet ouvrage se sont engagés dans ce travail avec enthousiasme et avec efficacité. Ainsi les patois valaisans disposent aujourd’hui d’une nouvelle référence pour le district de Sierre, complémentaire à l’ouvrage de Willy Gyr, 10 11 Le Val d’Anniviers – Vie traditionnelle et culture matérielle basées sur le patois de St-Luc, remanié par Rose-Claire Schüle en 1994. Après des soirées laborieuses régulièrement organisées au long de ces dernières années, la nomenclature du patois anniviard a été établie. Dans ce choix se manifeste la volonté d’enregistrer non seulement le fonds patois mais l’ensemble du lexique utilisé actuellement par les patoisants anniviards. L’adoption du système graphique a été sérieusement discutée et étudiée pour aboutir à un choix qui favorise l’indication de l’accent tonique, essentiel à la mélodie patoise, et qui correspond aux principes de graphie commune mis en place pour les patois valaisans. Ainsi les finales atones seront correctement prononcées par l’ensemble du public : granzyà où la dernière voyelle est accentuée et granzèta où l’accent tonique marque l’avant-dernière voyelle. L’édition d’un dictionnaire du patois s’appuie sur le modèle du dictionnaire bilingue, dans la mesure où la définition du terme patois s’élabore en français. Les auteurs du lexique privilégient la formulation succincte, qui indique le terme français correspondant directement au lemme patois, comme ànpoue, framboise ou chouèlh, orgelet. Toutefois nombre de termes patois ne disposent pas d’un équivalent dans la langue de l’Académie française si bien que la définition exige des périphrases : chòrèkourlik, choisir les grappes qui sont mûres avant les autres; boúss, morceau de bois pour tirer au sort et, par extension, part d’héritage. Ces précisions apportées aux définitions rehaussent la qualité de l’ouvrage. La nomenclature du patois d’Anniviers riche de près de 3’500 entrées démontre en particulier l’importance du verbe dans le discours patois. Effectivement, la catégorie des verbes occupe une place remarquable dans l’inventaire de ce nouveau dictionnaire, manifestant ainsi l’efficacité inhérente à la vie de la vallée. L’action confirme la réussite d’une ambition, d’un projet. La langue témoigne des valeurs qui structurent une société et organisent sa vision du monde. 11 Le Lexique du Patois d’Anniviers offre la clé de cette langue belle où les mots évoquent tant de choses familières et tant de séquences de vie : chîla, seigle; dèchìja, désalpe; gorzyà, fouet de berger; akourlík, chasser les vaches… Le dictionnaire laisse affleurer à foison les images suscitées par les mots que le lecteur savoure avec délice. Dans le cas où ce lecteur ne connaîtrait pas le vocabulaire patois, il se référera avec bonheur au dictionnaire inverse qui lui remet l’autre clé utile à la découverte de l’univers dialectal par le biais d’un terme français. Nous exprimons notre vive reconnaissance aux habitants d’Anniviers qui ouvrent les portes de leur riche civilisation bien ancrée dans la vie contemporaine. Même si la mélodie patoise quitte insensiblement la sphère sociale, elle imprègne si profondément l’environnement, le mode de vie et les gens de cette vallée qu’elle résonne dans le cœur des habitants et dans les désignations géographiques des lieux chers. La Fédération cantonale valaisanne des Amis du Patois est fière de ce nouvel ouvrage qui constitue la référence anniviarde dans l’espace des patois valaisans. C’est avec gratitude que nous recevons le fruit du travail de la société anniviarde. Nous félicitons chaleureusement les patoisants du Val d’Anniviers qui ont œuvré à l’élaboration de ce volume qui chante un hymne à la fois au travail et à la langue de leur vallée. Le Lexique du Patois d’Anniviers témoigne encore de l’importance du patois auprès des jeunes générations engagées dans la défense de la langue des racines et nous saluons spécialement l’action de Jean-Baptiste Massy, président d’honneur de notre Fédération, heureux de la réussite de ce projet qu’il lui a tenu à cœur de mener à bien avec le soutien d’une équipe très active. La bibliothèque et la vie de nos patois s’illustrent aujourd’hui par un monument attendu.

Gisèle Pannatier - Fédération cantonale valaisanne des Amis du Patois